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CORRESPONDANCE ET VARIÉTÉS.

raux et des circonstances locales, doivent diriger l’appréciation des probabilités de la propagation du choléra-morbus au-delà des localités actuellement envahies.

Pour atteindre ce dernier but, il faudra rechercher d’abord si l’amélioration momentanée de l’état sanitaire, dans le cas où elle existerait réellement, n’est pas plutôt l’effet de la marche naturelle de la maladie et du retour de l’hiver, que le résultat des moyens employés pour la combattre, ou le présage de sa disparition complète ; puis, si la confiance que témoigne aujourd’hui le gouvernement russe est fondée sur une conviction certaine et des données positives. La diminution de la maladie dans ses attributs de gravité, de fréquence et de contagion, est un effet naturel qu’on remarque dans toutes celles qui se développent en grand sur les masses. Elles ont leur période d’accroissement, leur terme de plus haute intensité, ainsi que leur déclin. Considérées dans leur ensemble, elles agissent sur le corps social comme une affection spéciale sur un individu isolé. C’est un accès qui commence, qui s’accroît et qui finit, mais qui peut, après un intervalle de repos plus ou moins long, être suivi d’une autre crise que distingueront les mêmes phases.

Par suite de ce phénomène dont l’expérience a démontré la légalité, mais dont l’opinion commune n’a pu reconnaître l’existence, le choléra-morbus, déclaré d’abord contagieux et même regardé tacitement comme pestilentiel, est presque généralement considéré aujourd’hui comme ayant perdu ces attributs redoutables. D’où peut toutefois provenir une opinion si rassurante ? Les découvertes médicales ont-elles jeté de nouvelles lumières sur cette maladie ? A-t-on déterminé sa nature, ses causes, ses effets ? En connaît-on mieux aujourd’hui le principe ou l’origine ? L’observation scientifique enfin a-t-elle indiqué des moyens préservatifs ou des méthodes curatives d’une incontestable efficacité ? Jusqu’à ce moment, il faut bien l’avouer, le silence de la médecine autorise à penser que ce n’est pas sur sa conviction que l’on se fonde pour se livrer avec confiance aux chances de l’avenir.