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HISTOIRE MODERNE.

les navires, et la Compagnie, pour échapper à cette dernière calamité, se trouva heureuse de pouvoir entrer en arrangement. Le duc consentit à recevoir 10,000 liv. st. qui lui furent acquittées. Une pareille somme fut exigée pour le compte du roi ; mais il n’est point resté de preuve évidente du paiement de celle-ci. » (Vol. 1, pages 45, 46.)

L’événement le plus remarquable qui eut lieu quelque temps après, et qui fit grand bruit en Angleterre, fut annoncé au public sous la rubrique de l’horrible massacre d’Amboyne. Les Hollandais en possession de cette place y condamnèrent à mort neuf Anglais, neuf Japonais et un matelot portugais, qui avaient formé, dit-on, le complot de chasser la garnison hollandaise et de s’emparer d’Amboyne pour le compte de l’Angleterre. L’existence réelle du complot ne peut guère être révoquée en doute. L’aveu naïf de Sir Thomas Roc, personnage parfaitement désintéressé, revêtu de sa dignité par le roi et non par la Compagnie, et faisant tous ses efforts pour disgracier les Hollandais à Surate, rend assez probable le projet de les expulser d’Amboyne. Mais ce qui exaspéra le plus le peuple anglais fut que les Hollandais, selon l’usage barbare du temps, avaient employé la torture pour arracher des coupables la confession de leur crime. Ce moyen si incertain et si odieux de découvrir la vérité ne saurait jamais être assez réprouvé. Il eût été heureux que le juste blâme déversé en cette circonstance par les Anglais sur leurs rivaux les eût portés à renoncer