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ÎLE DE JAVA.

mères, même à la troisième génération. Du reste, leur taille est bien prise, et leur physionomie est souvent susceptible d’une expression très-spirituelle.

Quant à leur moral, il est moins flatteur. Là comme ailleurs, il est sans doute d’honorables exceptions ; mais en général l’éducation première y est extrêmement négligée. Les enfans, entourés dès leur berceau d’une foule d’esclaves empressés de prévenir jusqu’à leurs moindres fantaisies, sont tellement portés à suivre l’impulsion du climat et de leurs désirs, qu’avant même d’avoir atteint l’âge de vingt ans, ils sont plongés dans une immoralité dégoûtante. Leur caractère, naturellement indolent, ne peut supporter la gêne d’une étude quelconque. On voit très-souvent des demoiselles de dix-huit ans, appartenant aux familles les plus riches, qui ignorent jusqu’aux élémens de la plus simple éducation.

Il est facile de concevoir combien cette ignorance, jointe à l’influence perfide du climat, tend de piéges à leur innocence ; aussi est-il fort ordinaire de les voir succomber de bonne heure à cet appât séduisant.

Les dames de Batavia déploient dans leur toilette un luxe prodigieux, et malgré tout cet éclat, elles sont loin d’effacer les Européennes, dont elles ne peuvent égaler l’élégante simplicité ; elles le sentent si bien, que ces dernières sont pour elles un objet d’exécration, et il n’est que trop commun de voir les funestes effets de leur haine.