Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 4.djvu/57

Cette page a été validée par deux contributeurs.
47
ÎLE DE JAVA.

sances de l’Europe et de l’Asie réunies concourent également à les enivrer et à les énerver.

Cependant la nature, qui ne dispense jamais tous ses dons aux mêmes mortels, a privé les habitans de Java d’un des plus précieux, en leur refusant de jolies femmes. Combien leurs compagnes seraient laides à côté de nos aimables compatriotes ! Leur éducation, extrêmement négligée, ne contribue pas peu à leur ôter tout moyen de plaire. Cette privation, aux yeux d’un jeune Français, est bien suffisante pour faire disparaître les avantages brillans dont la Providence a doté les habitans de cette riche colonie.

Après un déjeuner à la tartine beurrée et au thé, les riches négocians font atteler leurs carrosses, qui les transportent mollement à leurs comptoirs, situés, ainsi que je crois l’avoir déjà dit, dans la principale rue de l’ancienne ville, traversée par la rivière. Ils expédient toutes leurs affaires en moins de quatre heures, et reviennent ensuite dans leurs hôtels, où la méridienne leur fait attendre patiemment l’heure du dîner. Après ce repas, chacun fait sa toilette ; et c’est alors que les belles promenades de la ville, jusque-là inabordables à cause de la chaleur mortelle du soleil, se transforment en un panorama des plus animés. C’est un assaut général de luxe, d’élégance et de coquetterie. Ici l’orgueilleux edler est traîné gravement par quatre chevaux lourdement caparaçonnés. À côté de cette pesante machine passe rapidement la calèche élégante d’un