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HISTOIRE. — PHILOSOPHIE.

charges de la métropole, et dont je vais tracer un court tableau.

D’après un rapport avantageux fondé sur un examen très-superficiel, plus de mille personnes furent transportées tout à coup à Botany-Bay de la manière la plus imprévoyante. Ce lieu n’offrit aucune ressource aux nouveaux colons, et fut abandonné pour le port Jackson, dont la découverte devint l’événement le plus heureux et le plus inespéré. Le nombre des déportés eût été bientôt doublé par l’arrivée d’un second convoi, si les maladies et la famine n’avaient pas éclairci les rangs en exerçant leurs ravages sur ces malheureux. Pour recevoir une population si considérable dans un pays qui n’offrait encore aucune ressource, il fallut s’occuper sans relâche de faire construire des huttes, des maisons, des casernes, des hôpitaux et des magasins, par des hommes inhabiles aux travaux nécessaires, et affaiblis par les privations. On n’avait fait aucun choix, et il se trouvait parmi les déportés beaucoup de femmes, d’infirmes, de vieillards, également à charge à la colonie. Elle ne fut composée d’abord que de soldats et de convicts, et il n’exista pendant long-temps aucune classe intermédiaire d’inspecteurs, d’agriculteurs et d’artisans libres pour surveiller et diriger les travailleurs. Dans une réunion si vicieuse, la police, inconnue d’abord, ne fut établie que sur la demande des convicts eux-mêmes, à qui il fallut bien en confier l’exercice.