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COLONIES PÉNALES.

confondait le criminel endurci avec le malheureux égaré, et ne laissait exister de distinction qu’entre le riche et le pauvre. Mais d’ailleurs les mesures les plus convenables eussent été paralysées par le choix des localités. Une faible distance et des communications toujours ouvertes rendaient le retour facile ; la tentation était continuelle, et l’exil devenait passager pour la plupart des criminels, qui rapportaient bientôt dans leur patrie toute l’expérience du vice.

En fondant une colonie pénale dans l’Australie après la reconnaissance de l’Amérique comme état indépendant, l’Angleterre voulut éviter à la fois les inconvéniens des premières localités qu’elle avait choisies et ceux du système suivi jusqu’alors. Le gouvernement se chargea du transport des convicts, et voulut conserver sur eux toute son autorité, en exerçant avec sagesse le droit de récompenser la bonne conduite par le don de la liberté, et de corriger des lois trop générales en proportionnant plus également la peine aux circonstances des délits. Il trouva en même temps dans l’extrême distance et dans l’isolement de sa colonie, le moyen le plus sûr d’empêcher les retours illégaux, et de forcer la plupart des bannis à adopter une nouvelle patrie où ils n’auraient plus à rougir. Cependant les mesures furent d’abord mal prises, et l’établissement se ressentit pendant quelques années des premières erreurs dans lesquelles on tomba, erreurs graves qui augmentèrent beaucoup les