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HISTOIRE. — PHILOSOPHIE.

pas aux climats glacés de devenir jamais des provinces florissantes, et le ciel brûlant des tropiques dévorera toujours sans fruit les victimes nombreuses que l’Europe lui confiera. L’Angleterre a seule agi avec sagesse et prévoyance ; c’est en faisant marcher de front l’exil forcé et l’expatriation volontaire dans des contrées tempérées, qu’elle a établi sur des bases immuables l’existence de deux peuples qui lui feront un éternel honneur.

L’Angleterre ayant seule réussi au-delà de toutes ses prévisions, je me contenterai d’examiner les deux modes qu’elle a suivis à l’égard de l’Amérique septentrionale et de l’Australie, sans cacher les fautes commises dans ses premiers essais.

Dès que les convicts condamnés à la déportation en Amérique étaient embarqués, ils sortaient des mains du gouvernement ; les capitaines des navires les transportaient à leurs frais pour les louer à leur profit aux colons qui les employaient sur leurs habitations. Ceux qui pouvaient payer le passage se trouvaient libres en arrivant, et la peine se bornait pour eux au simple bannissement. Ainsi la loi n’était pas égale pour tous, et les scélérats enrichis pouvaient même devenir les maîtres des malfaiteurs qui n’avaient pas su se ménager les profits de leurs crimes. On voit que le gouvernement songeait uniquement à se débarrasser du rebut de sa population, en augmentant celle de ses colonies au meilleur marché possible. Cessant d’exercer une surveillance immédiate et sévère, il