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HISTOIRE. — PHILOSOPHIE.

dustrie, ni position acquise ; leur émigration est facile comme celle des nomades. Il n’en est pas chez eux comme dans nos pays civilisés, où le paysan a tout son avoir attaché à la terre, où il ne peut le déplacer et ne l’abandonne pas sans compromettre son existence. Le paysan grec travaille pour le compte du Turc ; une mauvaise cabane lui sert d’abri, sa ceinture emporte toute sa fortune. La Morée possède aujourd’hui une grande quantité de terres vacantes qui proviennent des dépouilles des Turcs. Le cultivateur de la Roumélie, comme celui de la Morée, peut se présenter pour les mettre en rapport ; il sera bien reçu. Il apportera à la Grèce un citoyen utile, et il ne lui donnerait au contraire qu’un membre incommode, si c’était elle qui vînt le chercher dans ses montagnes.

Soult, marquis de Dalmatie[1].
  1. Nous sommes heureux de pouvoir révéler au public le nom de l’auteur de ces observations. Qu’on relise la série d’articles qu’il a publiés sur la Grèce dans notre Revue, et on lui rendra la justice de croire que c’est incontestablement ce qui a été dit de plus exact, de plus sagement pensé sur ce pays. Personne, il est vrai, n’était mieux placé que lui pour juger du véritable état des choses en Morée, où il était aide-de-camp du général Maison. Mais ce sang-froid qui permit de planer ainsi sur tant de passions déchaînées, la hauteur de vues où l’écrivain, si jeune encore, s’est placé, promettent à la France un homme d’état distingué, et à un illustre maréchal un digne rejeton de sa gloire.

    (Note du D.)