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HISTOIRE. — PHILOSOPHIE.

loin d’être les mêmes que ceux qui sont nécessaires à un administrateur. Mais n’en aurait-il pas la moindre notion (ce qui est peu probable dans un homme comme lui), il est certes assez clairvoyant pour voir ce qui est, et pour juger de ce qui manque. S’il n’a pas fait ce qu’il aurait pu faire, ce peut être négligence de sa part ; mais ce peut être aussi un plan tracé, et il est juste d’examiner ce côté de la question.

Dans cette hypothèse, je suppose que le président aura reconnu que la Grèce ne peut être rien par elle-même ; qu’elle ne peut subsister que par l’assistance soutenue des puissances qui lui ont donné la liberté ; qu’avant tout, il faut s’assurer de la continuation de cette assistance, et que le plus sûr moyen de l’obtenir est d’y obliger ces puissances mêmes. S’il se presse d’organiser le pays, s’il le maintient scrupuleusement dans les bornes qu’on lui a prescrites, s’il fait renaître le travail et la prospérité, au premier de ces heureux symptômes qui se manifestera, les puissances, ou du moins quelqu’une d’entre elles, lasses d’une protection qui les gêne, ne manqueront point de s’en prévaloir pour annoncer que leur protection est devenue désormais inutile ; que la Grèce est suffisamment constituée pour pouvoir s’en passer ; qu’il n’y a plus rien à faire pour elle, et elles s’empresseront de terminer une question qu’il est dans l’intérêt de la Grèce de faire durer le plus possible, car elle n’a rien à perdre, et a tout à gagner au contraire à ce qu’elle soit prolongée. On ne ré-