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LA GRÈCE EN 1829.

Le président a trop de sagacité pour n’avoir point jugé l’état des choses. La Russie était dans ses intérêts ; il nous a vu un certain penchant d’affection pour lui, n’hésitant plus qu’à le déclarer ouvertement ; il a pensé qu’il nous entraînerait, et qu’une fois la chose faite, l’Angleterre ne refuserait pas son assentiment. Toute sa politique a été dirigée dans cet esprit, et on ne peut disconvenir qu’elle ne soit rationnelle. D’un autre côté, est-elle sans périls ? les espérances et les calculs sur lesquels il la fonde ne risquent-ils point d’être déçus ? enfin l’idée qui le domine, l’extension du territoire de la Grèce, est-elle, pour ce pays même, d’un tel avantage, qu’il doive y sacrifier des considérations d’un autre ordre ? lui est-elle même profitable ? Telles sont les questions sur lesquelles j’appellerai un instant l’attention.

J’ai fait voir que la Grèce est, à peu de choses près, dans le même état de désorganisation où le président l’a trouvée quand il en a pris le gouvernement. La détresse y est la même ; l’administration est sans force et à la veille d’être renversée par les factieux ; notre présence seule la soutient[1]. Est-il présumable que le président soit le seul à ne point s’en apercevoir ? Il n’est, à la vérité, connu jusqu’à présent que comme diplomate, et les talens qu’il a pu déployer dans la chancellerie russe sont

  1. Tout ceci est parfaitement exact, et le départ des dernières troupes françaises sera le signal de nouvelles commotions.

    (Note du D.)