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LA GRÈCE EN 1829.

me paraît bien conçu et conforme aux intérêts de la Grèce. Quoi qu’il en soit, tel est le but avoué du président, et il le poursuit avec toute la persévérance et l’adresse d’un homme rompu aux grandes affaires et habile à calculer les chances. Comme il est en conformité parfaite de vues avec la Russie, tous ses efforts sont dirigés du côté des deux autres puissances ; mais cette conformité même est le plus grand obstacle qui s’oppose à l’accomplissement de ses désirs. C’est du cachet de la Russie que sont empreints tous ses actes, par la raison qu’ils veulent l’un et l’autre les mêmes choses ; on n’oublie pas d’ailleurs tous les liens qui attachent le comte Capo-d’Istria à cette puissance, et on en conclut naturellement qu’il n’est en Grèce qu’un proconsul russe. Que ce soupçon soit ou ne soit pas fondé, il n’en est pas moins vrai que la conformité de vues que je viens de signaler suffirait à elle seule pour le faire naître, et qu’il n’est pas besoin de remonter à des personnalités pour expliquer ce qui est dans la nature des choses ; quand ce serait tout autre que le comte Capo-d’Istria, il n’en aurait pas moins la couleur russe.

Dans les efforts qu’il fait pour décider l’Angleterre et la France à accéder à ses désirs, le président fonde son principal espoir sur l’opinion publique de l’Europe. Il sait quelle influence elle exerce sur les gouvernemens, que c’est elle surtout qui a conduit le cabinet français à demander aux deux autres puissances à se réunir au protocole de Saint-Pétersbourg, et a par conséquent