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HISTOIRE. — PHILOSOPHIE.

armée dans les limites de la Morée, et en même temps il conseillait aux Grecs de profiter du moment pour faire eux-mêmes leurs conquêtes, il les a soutenus de son argent et de sa présence. J’examinerai plus tard cette conduite ambiguë dans l’intérêt de la France. Je ne m’occupe ici que de la ligne politique que doit suivre le gouvernement grec vis-à-vis des trois puissances[1], ce que je viens de dire suffit pour la tracer.

Toutes les pensées du président sont dirigées vers l’augmentation du territoire de la Grèce ; à côté de ce but, toute autre considération n’est pour lui que secondaire ; il ne voit que ce qui peut l’y amener, et il cherche à profiter de toutes les circonstances qui peuvent la favoriser. Je dirai tout à l’heure jusqu’à quel point ce plan

  1. Je ne parle pas ici de l’Autriche, parce qu’elle se tient en dehors. On sait avec quel déplaisir elle a vu la révolution grecque. Elle a prévu, dès le commencement, que l’irritation qui prenait naissance en Grèce s’étendrait bientôt sur un théâtre beaucoup plus vaste, et sa diplomatie a fait les plus grands efforts pour retarder le moment de sa propagation ; mais elle n’est jamais intervenue directement, n’a jamais voulu paraître, d’une manière ou d’une autre, dans les affaires de la Grèce, et a poussé la réserve jusqu’à laisser son pavillon long-temps outragé par les pirates. Aussi son commerce a-t-il fait des pertes immenses ; elle n’a commencé que fort tard à le protéger efficacement, et l’expédition que son escadre a faite au mois de janvier 1829, sur Égine, pour se faire rendre justice de plusieurs pirateries, est la première où on ait vu figurer la marine autrichienne.