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LA GRÈCE EN 1829.

déjoue les factions, étouffe l’anarchie, sauve la nation sans elle et malgré elle ; qu’il faut un dictateur suprême, ferme, vigilant, inexorable, despotique même, sans quoi la Grèce est perdue à jamais. On reconnaîtra que le président a rendu à son pays le plus signalé de tous les services, en restant seul dépositaire de toute son autorité, et en restreignant les agens qu’il emploie dans le cercle de leurs spécialités. Tous les ministères, les principaux postes de l’administration sont occupés par des hommes qui ont assez figuré dans la révolution ; ce sont les Petro-Bey, les Condurioti, les Zaïmi, les Tricoupi, les Maurocordato, etc., qui occupent les places les plus éminentes : seulement ils sont renfermés dans leurs attributions, ils ne sont point admis au maniement des deniers de l’état ; voilà le grand crime du président. On l’accuse d’avoir introduit dans l’administration et dans l’armée une foule de Corfiotes, gens sans aveu, sans garantie, entièrement inconnus à la Grèce. Ce reproche est le plus réel et le seul qui donne droit à des plaintes fondées. Le président a mis à la tête du département des finances, et investi des pouvoirs les plus étendus, son frère, le comte Viaro, homme incapable, et qui choque beaucoup les Grecs par sa hauteur ; Augustin, le dernier de ses frères, jeune homme qui sort des bancs de l’école, a été envoyé par lui à l’armée de Livadie avec le titre de généralissime. Tant d’honneurs accumulés sur sa famille sont peut-être impolitiques ; cependant il faut excuser le président,