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LETTRES SUR LA GUADELOUPE.

si incompatibles chez les nations civilisées pouvaient-ils être réunis dans le cœur des noirs ?

Je regagnai le lieu des danses, qui dissipèrent les idées sombres que m’avait données l’aspect du deuil. Apollon m’apprit que la bamboula allait cesser. Nous entendîmes une cloche qui sonnait l’heure de la prière. Hommes, femmes et enfans se rendirent dans le plus profond silence au pied d’une croix où étaient agenouillés le colon et sa famille. Les étoiles scintillaient au milieu d’un ciel pur, l’atmosphère était embaumée. À peine l’écho répétait-il le murmure des palmistes dont les longues flèches étaient balancées par les vents. Ce fut sous ce dôme de verdure que le maître et l’esclave se prosternèrent devant le Créateur. Après la prière, les nègres s’en allèrent reposer dans leurs cases, et bientôt tout fut calme comme la nature !

Eugène Sue

Les esclaves au Cap de Bonne-Espérance[1].


. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

« Les fermes au Cap sont toutes cultivées par des esclaves, et quoique ici l’esclavage ne se présente pas sous la forme la plus dégradante, quelques-uns de ses traits sont encore révoltans :

  1. Voyez la note ci-dessus.