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VOYAGES.

ployés jusqu’ici pour réprimer l’audace et la cupidité de ces vendeurs d’hommes.

Un des traits honorables du caractère espagnol est la sobriété. Il est extrêmement rare de trouver chez ce peuple des individus, même de la plus basse classe, qui s’abandonnent au vice honteux de l’ivrognerie. Les observations du docteur Abbot à cet égard donnent lieu à quelques réflexions assez sévères sur l’intempérance reprochée aux Américains des États-Unis, qui paraissent en grande partie avoir hérité des dispositions de leurs ancêtres britanniques. Les esclaves des Espagnols ne prennent malheureusement point leurs maîtres pour modèles, et plus de châtimens sont infligés sur les plantations pour l’ivrognerie et les crimes qui en résultent, que pour tous les autres délits ensemble.

« Le mal est certainement très-grand, dit M. Abbot : pour y porter remède, plusieurs maîtres ou administrateurs punissent l’ivresse avec la plus grande sévérité, et ces rigueurs, parfois révoltantes, n’amènent cependant aucun résultat satisfaisant ; la tentation devient irrésistible chez tous ceux qui ont pris l’habitude des boissons spiritueuses. Sur d’autres plantations, on montre quelque indulgence ; des distributions modérées de liqueurs sont faites dans les grandes occasions, comme à la naissance ou au baptême d’un enfant du propriétaire, et dans la saison pluvieuse, pour empêcher les fièvres et refroidissemens des nègres qui reviennent mouillés de leurs travaux. Ce qu’il