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ÎLE DE CUBA.

encouragés… J’avoue que, puisqu’on tolère un jeu qui excite les passions les plus impétueuses, il faut bien que le gouvernement intervienne en y établissant un juge, pour prévenir au moins les combats à mort qui auraient lieu journellement entre les joueurs comme entre les coqs… On pourrait croire que des jouissances de ce genre ne seraient goûtées avec ivresse que par la populace ou des nègres abrutis par l’esclavage ; mais il n’en est point ainsi, l’alcade de cette ville élève quatre-vingt-dix coqs de combat ; des hommes à immenses fortunes, des planteurs arrivant de loin dans leurs volantes, se mêlent sur cette scène sanglante avec des gens du peuple, des nègres, etc., tous communiquant ensemble en parfaite liberté et égalité. Je vis des jeunes élégans faire des paris de une à douze onces (de dix-sept à deux cents dollars), sur l’issue du duel entre deux oiseaux ; et, comme si cette passion devait exercer sa funeste influence même sur les êtres les plus maltraités par la nature ou le sort, je vis là des sourds-muets qui s’agitaient violemment pour établir leurs paris par signes, et un autre homme d’une quarantaine d’années, impotent de tous ses membres, se faisait porter au combat de coqs par ses nègres. »

Les meurtres et les assassinats, fréquens dans ce pays, peuvent en grande partie être attribués aux querelles qui s’enveniment pendant les combats de coqs, de taureaux, autour des tables de billards, et à la passion effrénée des jeux de hasard. La loi or-