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ÎLE DE CUBA.

quet digne du trône qui le supporte. On a aussi calculé l’étendue de ce vaste parasol, il couvre un diamètre de cent soixante-cinq pieds, et sa circonférence en a près de cinq cents.

» Cet immense produit du règne végétal est à lui seul un monde peuplé de millions d’êtres divers. Des pommes de pin et leurs graines, dont plusieurs animaux sont très-friands, se trouvent en grand nombre sur le sommet. La bajuca (espèce de liane) végète sur ses branches étendues, et retombe au loin en épais cordages qui se rattachent à la terre. En les coupant par le milieu, le voyageur altéré qui manque souvent d’eau en cette contrée où les sources sont si rares, y trouve un jus doux, laiteux et abondant, qui lui fournit une boisson agréable. Ces lianes remplissent peut-être encore un autre but que se propose la nature, elle qui étend sa bienveillance jusqu’aux plus humbles êtres de la création. Les souris, les rats, les oppossums ne pourraient que difficilement grimper le long du tronc glissant, mais ils arrivent facilement jusqu’au sommet, à l’aide de ces échelles naturelles, et s’abreuvent là dans les coupes que forment les feuilles de quelques plantes qui reçoivent et concentrent dans leurs cavités l’eau des rosées et des pluies. — J’ai dit que cet arbre était peuplé de millions d’habitans, et j’étais encore au-dessous de la vérité. On trouve dans son branchage les nombreux établissemens des comajens (espèce de pous de bois) ; leurs grandes et noires cités sont attachées à des rameaux isolés, ou plus solidement