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ÎLE DE CUBA.

est un peu moins noire que celle de l’esclave africain paraît ainsi prêt à livrer combat. »

Après avoir passé quelques jours dans la ville, le docteur Abbot fit une excursion dans l’intérieur de l’île, remontant d’abord la rivière qui a son embouchure dans la baie de Matanzas, et continuant ensuite sa route en volante, à travers de belles plantations de café et de cannes à sucre. Le chemin était en partie bordé de palmiers, d’orangers, d’arbres d’agrément et de haies.

« Vers les cinq heures du matin, la cloche de la grande église ayant appelé les habitans à la prière, nous fûmes sur pied, et en quelques minutes nous eûmes achevé notre déjeuner avec du café, qui est la quintessence des productions de l’île. Nos bagages furent portés au môle, où notre barque et nos rameurs nous attendaient. Après avoir traversé rapidement la baie, nous arrivâmes à une rivière qui me parut bien la plus romantique que j’eusse jamais vue. L’embouchure de celle-ci est défendue par un fort espagnol ; la sentinelle solitaire s’y promenait le fusil sur l’épaule, et un grand bonnet sur la tête. Nous dûmes à nos rameurs, qui appartenaient à la douane, ou peut-être aussi à notre apparence innocente et pacifique, de n’être point arrêtés ni même hélés ; quelques plaisanteries espagnoles furent cependant échangées par un rameur avec la sentinelle du fort, et notre barque fut ensuite lancée comme un trait dans cette rivière enchanteresse. La marée n’y monte qu’à deux pieds, et guère plus dans la baie