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VOYAGES.

jeunes filles en toilette recherchée, souriant aux passans, ou bien quelques graves personnages blottis au fond de l’antique chaise. Si vous détournez vos regards de la volante, pour les porter sur de plus humbles équipages, vous trouverez de lourdes charrettes à larges roues, masses informes, parfois couvertes de peaux, et traînées par des bœufs harnachés de la manière la plus étrange. Le joug est placé derrière les cornes et attaché avec des cordes ; l’animal tire péniblement sa charge. Une autre corde ou courroie venant du joug passe à travers les naseaux, qui sont percés pour la recevoir ; le conducteur tient d’une main la corde qui entoure le muffle de chaque bœuf, et de l’autre une perche de dix pieds de long avec laquelle il aiguillonne ses bêtes.

» Il y a une variété infinie d’enharnachemens pour les chevaux de monture, depuis la selle en cuir avec des étriers plaqués, jusqu’à la botte de paille attachée avec des cordes ; les formes des brides ne sont pas moins différentes. Il y en a avec ou sans mords, en cuir, en cordes ou en liens d’herbes tordues. Ce qui cause encore plus de surprise aux étrangers, et fait naître des sensations pénibles, c’est de voir tant de gens armés ; on croirait être en temps de guerre, et que chaque cavalier est une védette. Un large sabre ballotte au côté de tout gentleman, et des pistolets sont une garniture de rigueur à chaque selle. Le plus misérable paysan huché sur sa botte de paille porte un coutelas à sa ceinture, et tout homme dont la peau