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ÎLE DE CUBA.

où règne une grande activité ; cet ensemble offre aux nouveaux arrivans une scène animée et des plus pittoresques. Le docteur Abbot décrit assez bien l’aspect de la ville de Matanzas.

« Il venait de tomber une petite averse, et nous cheminions dans les rues à peu près comme dans une couche de mortier. Les maisons formaient des groupes bizarres d’édifices de toutes formes et grandeurs. Mais ce qui nous frappait surtout, c’étaient ces figures espagnoles avec leurs costumes si pittoresquement bigarrés. Il était impossible de résister à la gaîté de la scène, on aurait dit qu’on assistait à une mascarade, où chacun s’efforçait d’amuser les spectateurs par sa grotesque tournure. Ici vous rencontrez un noble cavalier ; un éperon brille à sa chaussure, sa monture porte la tête basse, la queue relevée et tressée en une grosse masse. Là arrive une volante (espèce de chaise) à énormes roues, ornée de plaqué en argent, avec une couverture ou des rideaux de gros drap fixés au haut du véhicule, et tombant des côtés, comme s’il y avait à l’intérieur des donnas ou des nonnes qu’il fallût dérober aux regards vulgaires. Le lourd équipage est tantôt traîné par un seul cheval, tantôt par deux ; un postillon en livrée avec de larges bottes qui lui montent jusqu’aux hanches, un monstrueux éperon au pied, un court fouet à la main, et faisant des deux un fréquent usage, sert de conducteur. Quelquefois, quand le soleil se cache, la couverture est levée, et vous découvrez deux ou trois