Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 4.djvu/311

Cette page a été validée par deux contributeurs.
299
ÎLE DE CUBA.

lable qu’il a quitté, et une coquille flottante, violemment agitée. Toutefois les inquiétudes pour sa sécurité personnelle ne tarderont pas à s’évanouir ; s’il monte sur le pont, il trouvera les voiles bien tendues, les cordages solidement fixés ; il s’apercevra de la marche assurée du bâtiment, il entendra la voix de l’officier qui donne ou qui répète les ordres, et qui veille au salut commun ; il verra le navire fendre avec majesté les flots, et tracer un sillon lumineux, d’autant plus brillant, que l’obscurité environnante sera plus profonde.

Au commencement de la traversée, le vent sera souvent à la tempête, ou bien des brouillards épais envelopperont l’atmosphère ; on apercevra de temps à autre une ou deux voiles au loin, mais bientôt, et à mesure que les routes des navires divergeront, il se passera plusieurs jours sans qu’on en signale une seule. La pluie continue ; le vent souffle par grains, vos vêtemens, votre linge, votre lit sont imprégnés d’humidité, et l’eau qui pénètre partout coulera en gouttes pressées le long de la chambre. En changeant de place, tenez-vous ferme à la table ou contre les parois de la cabine ; combinez adroitement votre marche chancelante avec les mouvemens du vaisseau ; défiez-vous des secousses qui peuvent vous renverser ou vous jeter avec violence contre les parois de bâbord à tribord. Peut-être entendrez-vous le capitaine jurer, tempêter contre son intendant ou son cuisinier,