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NÉCROLOGIE.

qu’il avait épousées et quittées au bout de peu de temps. Son seul plaisir était le théâtre, où il passait presque toutes ses soirées. De retour chez lui, il restait une partie de la nuit à écrire confusément les idées qui pouvaient lui venir, et à boire du thé, sa seule occupation pendant le jour, se levant à toute heure, et ne se décidant à dîner que lorsque la faim se faisait trop vivement sentir. Il est mort à Londres le 19 du mois de septembre de cette année, âgé à peine de cinquante ans.



Diorama Montesquieu. — Si nous avons attendu avec espoir et anxiété la réouverture du Diorama-Montesquieu, le nouveau tableau qui vient d’y être exposé n’a pas trompé notre attente.

Ce tableau, d’une très-grande dimension, représente l’Hôtel-de-Ville, le 28 juillet, au moment où le peuple, retranché derrière la barricade de la rue du Mouton, tire sur les Suisses qui sont en possession de l’Hôtel-de-Ville, et sur les cuirassiers qui chargent vers la rue de la Vannerie ; des artilleurs sur la place pointent leurs pièces, et font feu sur le peuple qui débouche par le quai Pelletier. Plusieurs compagnies de la garde royale défendent le passage de l’arcade Saint-Jean.

L’action, la vie, le mouvement se peignent chez ces hommes franchissant les barricades, renversés les uns sur les autres. C’est que le peuple de juillet avec sa sainte colère, se ruant, courant à la mort, était aussi un beau modèle, et M. Colin, auteur du tableau, ne lui est pas resté inférieur. On doit aussi des éloges au peintre pour le monument même de l’Hôtel-de-Ville, qui fait une illusion complète. C’est bien le ton et la couleur de la pierre noircie par le temps. Nous avons remarqué la maison qui fait le coin de la rue du Mouton. Les croisées de l’Hôtel-de-Ville, dont on croit voir les vitres brisées, d’où s’échappe une fumée grisâtre d’une vérité frappante, nous paraissent également dignes