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L’EUROPE AUX XVe ET XIXe SIÈCLES.

ment aux dépenses courantes, et on travailla avec la plus grande activité dans l’arsenal à préparer les matériaux qui servirent ensuite à repousser, pendant quelques siècles, les attaques terribles des Ottomans.

Cette grande quantité d’argent, si remarquable à cette époque, lorsque l’Amérique n’avait pas encore ouvert ses trésors à l’Europe, était apportée à Venise par ses vaisseaux marchands.

Le doge Mocenigo en donne l’état suivant qui se rapporte à l’année 1421. On comptait alors 3,000 bâtimens de la portée de 10 à 200 tonneaux, montés par 17,000 matelots, 300 gros navires avec 8,000 matelots, et 45 grosses galères, en tout 3,345 bâtimens de commerce qui occupaient 36,000 hommes pour leur service, outre 16,000 ouvriers employés à la construction, à la réparation, etc.

L’histoire de cette république nous montre qu’elle mettait en campagne des armées de 30,000 et 40,000 soldats, qui allaient de pair avec ceux de l’Empire, de l’Espagne et de la France. Les princes, les ducs et les seigneurs accouraient pour les commander, invités par les gros appointemens que la république leur assignait. Il est souvent question de 100, 200 et jusqu’à 480 vaisseaux sortis de ses ports. Enfin, pour avoir une idée approximative de ce que coûtait une flotte à cette époque, nous allons terminer par le tableau des dépenses ordinaires pour une flotte de dix galères. Ce tableau, qui fut tracé par Marino Sanudo le vieux, appelé Torsello, dans son grand projet pour la con-