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LA GRÈCE EN 1829.

vendent fréquemment, pour avoir quelques piastres, les objets qu’on vient de leur livrer ; il est presque impossible de les en empêcher, il l’est plus encore de les leur faire remplacer, et pour ne pas les voir nus et sans chaussures, on est bien obligé de leur en délivrer d’autres. On essaie de leur apprendre l’exercice. D’après ce que j’en ai vu, les résultats en sont des moins satisfaisans. On ne s’en étonnerait point, si leur organisation ne remontait qu’à quelques semaines. Mais elle est déjà de longue date, et il faut qu’on s’y soit bien mal pris pour n’en avoir pas obtenu plus que ce que nous en voyons aujourd’hui. Lorsque j’ai vu l’armée grecque au commencement de 1829, le corps régulier était sous les ordres de M. Heydeck, officier bavarois, à qui le président avait remis le soin de l’organiser. Avec les meilleures intentions du monde, M. Heydeck était au-dessous d’une tâche aussi difficile ; il se perdait dans des détails frivoles, et l’organisation du corps régulier n’avançait pas en raison des ressources qui étaient mises à sa disposition. Le ministère français envoya le colonel Fabvier au président, pensant que c’était l’homme qui pouvait le mieux convenir à ce commandement. On ne pouvait, à la vérité, en trouver un qui réunît à un plus haut degré les avantages d’avoir rendu aux Grecs d’immenses services ; de leur avoir donné, dans nombre d’occasions, des preuves d’une force de volonté inébranlable et du plus noble dévouement pour leur cause ; d’être connu d’eux et de les connaître parfaitement. Mais le caractère de Fabvier,