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HISTOIRE MODERNE.

grec a l’air de vouloir réorganiser, rien n’est plus misérable. Il a atteint son plus haut degré de splendeur lorsqu’il était sous les ordres du général Fabvier, il comptait alors plus de 3000 hommes ; mais les divers désastres qu’il a essuyés l’ont presque anéanti, et il ne s’y trouvait pas, au commencement de 1829, 1800 hommes d’infanterie, répartis dans trois bataillons. Et quelle espèce de troupes est-ce encore ? Qu’on se figure le rebut de la population grecque, des vieillards, des enfans, des gens débiles, des éclopés que la misère seule a conduits dans les rangs de l’armée ; tel est l’espoir de la nation grecque. Comme le gouvernement n’a pu encore faire les frais de leur habillement, rien n’est plus bizarre que leur accoutrement : les uns auront un mauvais schakos, d’autres une veste déchirée ; ceux-ci une peau de mouton, ceux-là un pantalon en lambeaux ; la seule uniformité qu’ils présentent est la saleté, car on n’a pu encore faire cette conquête sur leurs habitudes ; leurs armes sont dans le même état que leurs personnes. Les dépenses que le gouvernement doit faire pour leur habillement sont, il faut en convenir, plus grandes que dans aucun autre pays ; tous les objets sans exception doivent venir de l’étranger, et on manque d’ouvriers pour les confectionner. Les hommes, en entrant au service, sont absolument nus ; il faut les pourvoir de linge, de chaussures, etc., en un mot des vêtemens les plus indispensables, que les plus pauvres mêmes possèdent dans les pays civilisés. La consommation qui s’en fait est souvent en pure perte, car ils