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LA GRÈCE EN 1829.

Le principe que je viens d’énoncer, comme le seul qui me paraisse applicable à l’état de la Grèce, n’est pas celui qui dirige le gouvernement actuel dans la réorganisation qu’il essaie de faire de son armée ; il veut la constituer pour faire la guerre. Je dirai plus loin ce que je pense de la ligne politique suivie par ce gouvernement ; je me borne seulement à la signaler ici, et je raconterai ce qu’il a fait pour parvenir au but qu’il s’est proposé. La première idée qui s’est présentée a été de conserver les palikares : en effet, comme il y en a parmi eux un grand nombre qui ne voudraient, sous aucun prétexte, se soumettre aux règles de la discipline, on a pensé qu’ils pourraient encore être utiles en les enrégimentant, et qu’on éviterait en même temps à l’état les frais considérables qu’entraîne la formation d’une armée régulière complète, frais qu’il est dans l’impossibilité de supporter. On a pensé qu’en donnant aux palikares un ordre hiérarchique et un corps d’officiers nommés par le gouvernement, on n’aurait plus à craindre le retour des discordes, qui étaient jusqu’à présent inséparables des bandes irrégulières. On les a donc partagés en régimens, bataillons et compagnies, et on leur a donné des colonels, des chefs de bataillons, des capitaines, des lieutenans, des sous-lieutenans, des sous-officiers et un état-major. On s’imagine les avoir régularisés, comme s’il suffisait pour cela de créer des noms et des grades. En attendant, il n’y a pas parmi eux plus de discipline qu’auparavant, les soldats vont et viennent