Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 4.djvu/134

Cette page a été validée par deux contributeurs.
124
HISTOIRE MODERNE.

réussi à y introduire ; mais il fallait en venir à l’épreuve, et là de nouvelles difficultés l’attendaient. C’était fort bien d’avoir appris aux Grecs nos manœuvres ; mais Fabvier n’avait pu leur donner ce sentiment de la force et cette confiance en eux-mêmes qui font seuls une bonne troupe ; le temps seul pouvait les leur donner, et il était indispensable qu’ils s’aguerrissent peu à peu, en ne se présentant devant l’ennemi qu’avec de grandes précautions, et avec la certitude de la victoire : autrement on devait s’attendre à ce que le premier revers renverserait un édifice trop peu solide. Mais la chose n’était pas possible ; les affaires pressaient, la Grèce était aux abois, et les Turcs étaient trop nombreux pour qu’on pût aguerrir le corps régulier dans une guerre de détails. Il fallut l’engager en entier dès la première affaire, et le résultat fut ce qu’il devait être. Les Grecs, que les raisonnemens de leurs officiers n’avaient pu guérir de la frayeur que leur avait toujours inspirée la cavalerie turque, ne tinrent pas beaucoup mieux que les palikares, et quelques succès partiels, remportés par des compagnies isolées, ne suffirent point pour rétablir leur moral, ébranlé par des revers bien plus importans. Une réunion de circonstances fâcheuses porta enfin un coup mortel au corps régulier. Soit malheur, soit mauvais calcul, Fabvier entreprit des expéditions qui eurent toutes la fin la plus funeste. Il se plaint amèrement que la faute en est au gouvernement grec, qui, après l’avoir engagé