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LA GRÈCE EN 1829.

l’on essayait dans ce sens. Le pillage qu’ils laissaient commettre à leurs palikares était non-seulement bien plus de leur goût, mais leur était bien plus profitable que ne pouvait l’être la solde, quelle qu’elle fût, d’une troupe régulière, et dès qu’ils avaient le choix, il ne devait plus être un seul instant douteux. J’ajouterai encore le manque d’argent, car l’argent est indispensable pour l’entretien d’un corps régulier ; les primats et les chefs de bandes aimaient bien mieux se le partager que de le consacrer à la défense de la patrie.

Malgré tant d’obstacles, Fabvier, qui s’était placé à la tête de cette organisation, mit toute sa persévérance à les surmonter. Il était connu et aimé des Grecs, pour lesquels il avait noblement combattu, et il ne désespéra point de se faire entendre de la masse du peuple, qu’il distinguait fort bien des montagnards, dont les habitudes de brigandage étaient irréformables ; il conçut la pensée de lui persuader que son salut était attaché à cette mesure, et qu’il était plus digne de sa confiance que les chefs de brigands qui exploitaient la chose publique à leur profit. À force de ténacité, et secondé par le zèle de quelques officiers européens, Fabvier parvint en effet à organiser un petit corps qui compta jusqu’à 3,000 hommes d’infanterie et 200 de cavalerie. Il se félicitait déjà de la facilité avec laquelle il les avait instruits, de l’aptitude, de la docilité qu’il avait trouvées en eux, de la discipline, vraiment étonnante chez des Grecs, qu’il avait