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HISTOIRE MODERNE.

anéantie en un instant la plus belle armée qu’ait jamais possédée la Grèce. La faute en est incontestablement à ceux qui l’ont aventurée sur un terrain où l’on devait bien s’attendre à ce que l’affaire se passerait de la sorte. Ils devaient savoir que les Grecs n’avaient qu’une manière de se battre, et que surtout vis-à-vis de la cavalerie turque, ils ne ressemblent plus qu’à un troupeau de moutons. Ceux-là surtout sont coupables qui ont abandonné leur armée au moment décisif. À quoi pouvaient servir leurs plans pour des surprises, pour des attaques de nuit, s’il se tenaient à l’écart, au lieu d’être sur les lieux pour les faire exécuter ?

Après la bataille, l’armée se retira dans la position de Phalère ; elle était excellente : environnée de trois côtés par la mer qui était au pouvoir des Grecs, d’un accès fort difficile, elle leur permettait de rester encore long-temps en observation devant l’armée qui bloquait Athènes, et de tenter de nouveau le sort des armes. Mais les Grecs étaient trop effrayés, et il fut impossible de les retenir. C’est alors que Tzavellas, pour obliger Church à décamper, vendit aux Turcs tous les approvisionnemens du corps qu’il commandait, et ne manqua pas de publier en même temps que c’était une frégate française qui vendait des vivres aux Turcs. Avec un tel concours de volonté il était impossible que l’armée restât ; elle se rembarqua donc, et abandonna Athènes à son malheureux sort.

Pendant la bataille, la garnison était restée tran-