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HISTOIRE MODERNE.

rivé, il commence par ramasser les pierres qui sont à sa portée, les élève peu à peu les unes au-dessus des autres, lentement et avec la plus grande précaution, car il a devant lui un ennemi qui tire aussi bien que lui, qui a sans cesse l’œil fixé sur les progrès de son travail, et qui est tout prêt à cribler de balles le moindre objet qu’il apercevrait un seul instant. Il n’est pas de ruses qu’il n’invente pour lui donner le change. Quelquefois il élèvera son bonnet au-dessus des pierres ; d’autres fois il l’aura posé adroitement à quelques pas de lui, au bord d’un fossé, ou sur une motte de terre, et pendant que tous les coups s’y dirigeront, il poursuivra son travail sans danger. Peu à peu le petit mur s’élève ; dès qu’il peut abriter trois ou quatre hommes couchés de leur long, ils s’y rendent avec les mêmes précautions, et continuent l’ouvrage en y pratiquant de petites meurtrières où peut passer le canon du fusil. Si on peut le perfectionner, on l’élèvera jusqu’à la hauteur d’homme ; mais souvent on se contentera de lui donner la hauteur nécessaire pour qu’un homme puisse se tenir à genoux derrière : dans cet état, on l’appelle un tambour. Les tireurs se mettent alors derrière les meurtrières, et ils attendent patiemment l’ennemi qui est en face ; on les voit quelquefois rester, en ajustant ainsi, des heures entières à épier le plus léger mouvement de l’ennemi. Après avoir construit une première ligne de tambours, on cherche à en établir une autre de la même manière en se portant un peu en avant, et ainsi de suite, jus-