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HISTOIRE MODERNE.

Grecs, qui savent fort bien tout ce qu’on peut faire avec des bulletins, n’en retraçaient pas moins à l’Europe une longue série de victoires. L’armée grecque avait conquis une province, c’est-à-dire qu’elle parcourait les montagnes, lorsque les Turcs étaient loin de là, ou se tenaient dans leurs villes ; elle était entrée d’assaut dans une forteresse imposante, c’est-à-dire que les Turcs, réduits par la faim, avaient abandonné une bicoque ; elle avait enlevé une position inexpugnable, sous un feu terrible, c’est-à-dire qu’elle avait mis des jours entiers pour forcer un méchant poste ; les Grecs avaient opéré un mouvement de concentration, c’est-à-dire qu’ils se sauvaient ; ils avaient pris des cantonnemens, c’est-à-dire qu’ils s’étaient dispersés pour piller. C’est sans aucune exagération que je donne ici le dictionnaire des bulletins grecs, et l’événement a toujours prouvé que c’était ainsi qu’il fallait les entendre. Je pourrais en citer une foule d’exemples. Parlerai-je de ce qu’a fait l’année dernière l’armée du prince Ypsilanti ? Elle est entrée en Roumélie, au commencement de novembre 1828, au nombre de 6,000 hommes ; elle s’est bien gardé de se porter sur Athènes, défendue par 2,700 Musulmans, Athènes dont la possession est si importante pour la Grèce ; loin de là, elle s’est étendue dans les montagnes du Parnasse où il n’y avait pas un seul ennemi. Une cinquantaine de Turcs qui étaient à Salone, mauvaise bicoque tout ouverte, se sont repliés sur Livadie ; de suite un bulletin pompeux où on annonce la prise de cette forteresse, dans