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HISTOIRE MODERNE.

mière décharge la maison se fût lézardée, les frères Ziegler n’en continuèrent pas moins à mitrailler ces bandits, qui en passant leur envoyaient en retour des grèles de balles, dont leurs sacs de mil furent criblés et vidés.

Les fuyards allèrent se rallier derrière un bouquet de khoss situé au sud de Mbaroul à la distance de huit minutes environ. Maghio-Khor et Abou-Baker, auxquels le bruit et les effets meurtriers de notre artillerie avaient rendu le courage, s’ébranlèrent alors ; toute l’infanterie, commandée par l’imâm de Dimar, s’avança directement vers l’ennemi, et on en vint aux mains ; comme des deux côtés on bourrait les fusils avec des débris de pagnes de coton qui s’enflammaient aisément, le feu eut bientôt pris aux herbes sèches, et des torrens de fumée cachèrent l’une à l’autre les deux troupes, qui toutefois continuèrent à tirailler et à se tuer mutuellement beaucoup de monde ; souvent la bourre pénétrant dans les khousâbs des combattans, y communiquait le feu, et consumait ainsi les morts et les blessés dans leurs propres vêtemens.

Enfin, après une lutte assez vive, les fantassins du Toro lâchèrent pied, et s’enfuirent d’une vitesse à piler avec leurs talons le mil contenu dans le petit sac que chaque soldat porte sur son dos, suivant l’expression proverbiale du pays. Mais dans ce moment la cavalerie, commandée par Maghio-Khor, vint, après un détour à l’ouest, tomber inopinément, par le nord, sur les soldats de Demba, qui furent