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HISTOIRE DU MOYEN ÂGE.

ger de Mortemer, qui venait d’être tué dans un combat en Irlande, laissant un fils âgé de sept ans, qui succédait naturellement à ses droits. C’était pour venger la mort du comte Roger que le roi venait de partir pour faire la guerre en Irlande.

Lancastre se servant aussi du prétexte d’un roi trop jeune et livré aux plaisirs, ajoutait qu’un roi plus jeune encore affaiblirait l’Angleterre et la mettrait à la merci de la France, où la famille de Mortemer trouverait ses anciens liens d’amitié et de parenté. Il s’agita, sema les bruits les plus alarmans, accrut le nombre des mécontens, se trouva bientôt à la tête d’une armée formidable, et reçut dans ses rangs le duc d’York lui-même.

Scropt, plus fidèle, écrivit aussitôt au roi l’état des affaires. Richard, en recevant cette fâcheuse nouvelle, s’écria : « Ah ! bel oncle de Lanclaistre (le père de celui-ci), Dieu vous fasse merci à l’ame ; si je vous eusse creu, cet homme-ci ne me courroucerait mie maintenant. »

Richard arriva en Angleterre. Il y réunit une armée de trente deux mille hommes, tant nationaux qu’étrangers, et marcha contre son cousin. Une seule nuit suffit pour réduire cette armée aux 6,000 Français et Allemands qui en faisaient partie. Lancastre d’Erby avait fait répandre avec profusion des écrits par toute l’Angleterre, où le roi était peint comme le roi des étrangers, le gendre de Charles vi, enfin l’ami des Français.

Richard ne se fia même plus au peu de troupes qui lui restaient ; il envoya son frère naturel, le