Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 3.djvu/56

Cette page a été validée par deux contributeurs.
48
HISTOIRE DU MOYEN ÂGE.

Richard ii, fils du prince Noir et petit-fils d’Édouard iii, était contemporain de Charles vi, roi de France ; tous deux à peu près du même âge, tous deux ayant commencé leur règne encore enfans, tous deux enfin ayant eu trois oncles pour régens[1]. L’amitié qui unissait ces jeunes rois détermina Richard à la resserrer encore en épousant Isabelle de France, âgée seulement de sept ans, et en faisant une trêve de vingt-cinq ans avec la France. Isabelle, accompagnée d’une élégante noblesse, partit pour l’Angleterre, où l’éducation d’une jeune princesse française blessait les yeux austères et le caractère encore sauvage des Bretons.

Une espèce de fatalité, il faut le reconnaître, a souvent présidé aux alliances des rois d’Angleterre avec des princesses de la maison de France. Ces rois ont presque toujours fini malheureusement : témoins Édouard ii, Richard ii, Henri iv, et Charles Ier. Mais ce n’était pas la vaine formalité d’une alliance ostensible, que la politique pouvait quelquefois commander, qui fut la cause des malheurs de ces rois ; c’était bien cette vieille haine qui a existé si long-temps entre deux nations ri-

    1400), Bibliothèque du roi, no 8,448, in-folio ; titre Ambassades. (No 22 des manuscrits de Baluze.)

  1. Il est remarquable de rencontrer aussi une espèce d’analogie chez ces mêmes hommes. Le duc de Lancastre, régent d’Angleterre, avait la hauteur et l’avidité du duc d’Anjou, régent de France. Le duc d’York avait l’indolence du duc de Berry, et le duc de Glocester ressemblait au duc de Bourgogne par son audace et sa turbulence.