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VOYAGES.

cèrent en face de moi pour m’examiner ; elles riaient et jouaient entre elles ; elles me montrèrent des verroteries et m’en demandèrent ; je leur fis signe que j’en avais à bord, et par un geste que tous les nègres comprennent, je leur fis entendre le paiement que j’exigerais.

Le roi remarquant que j’avais tiré du gibier appela un petit nègre, et me fit signe de le suivre, me donnant à entendre que j’aurais occasion de décharger mon fusil ; je suivis effectivement mon nouveau guide, bien aise d’être débarrassé de la pantomime que je jouais depuis une demi-heure. Le négrillon me conduisit à travers une forêt épaisse, vers un endroit fort touffu : arrivés là, nous nous mîmes à ramper sous des buissons, et nous parvînmes sans bruit auprès d’un arbre couvert de fruits jaunes ; beaucoup de pigeons verts s’y étaient abattus pour manger les fruits ; j’eus d’abord de la peine à les distinguer du feuillage, à cause de leur couleur ; à la fin pourtant je les mis en joue, et j’en abattis deux d’un coup ; mon petit nègre sauta de joie lorsqu’il les vit par terre. Pour le récompenser de sa peine, je lui donnai la moitié du tabac contenu dans ma tabatière.

Après cette promenade, je pris un chemin qui me conduisit à un autre village, où le roi a aussi des cases et des femmes. Au milieu du village, sur une place, se trouve la maison du fétiche : cette maison est petite, proprement tenue, entourée d’un treillage ; entre le treillage et la maison, il y a des bananiers, des papayers et des orangers ;