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FRAGMENS LITTÉRAIRES.

tiaux, quelque stérilité sur les récoltes, quelques mauvais esprits qui tourmentassent les gens de son fief, ou quelques malades qui n’eussent pas les moyens d’avoir un homme de l’art (le manuscrit dit ung physicien), elle trouvait remède à tout, et protégeait le pays, pourvu qu’on se rappelât sa défense, qui était de ne point entrer dans le château et de n’en point enlever une seule pierre.

» Des voyageurs, gens sans foi, avaient voulu entrer malgré la défense de Jéhan, vieux berger, fils du porte-clefs du château, ils avaient disparu… D’autres avaient voulu enlever les belles pierres du portail, pour en construire des édifices profanes ; ils avaient été frappés de la foudre… Enfin, cent ans s’étaient écoulés depuis la mort de la bonne dame, lorsqu’une nuit elle apparut comme une ombre sortie des limbes, se plaçant sur l’un des créneaux de la tourelle, et appela Jéhan, le vieux berger, qui était au pied de la grosse tour à changer le parc à son troupeau.

» Jéhan, lui dit-elle, va trouver Henri Ier, roi d’Angleterre ; dis-lui que l’heure est venue, que Dieu permet qu’il prenne les pierres de ce château, mais sous la condition qu’il en construira un saint monastère, qui doit servir un jour de modèle à celui de Notre-Dame-du-Voeu[1], et perpétuer à

    recouvert de gazon, un gland, apporté probablement par un oiseau, a donné naissance à un chêne, que l’homme le plus grand ne pourrait embrasser. Ce chêne a environ cinquante pieds de haut, quoique un coup de tonnerre ait brisé sa plus haute couronne.

  1. L’an 1157, fut en effet fondé le monastère de Notre-Dampe-du-