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SOUVENIRS DES CÔTES D’AFRIQUE.

européens, qui, faute de bons pilotes, échouent souvent dans le canal des Bisagos, lorsque la marée vient à se retirer. Les nègres Bisagos rassemblent pour leurs expéditions un grand nombre de pirogues, montées par quinze à trente hommes ; ils calculent l’heure de la marée de manière à arriver de nuit avec la fin du flot ; ils font une descente à terre, enlèvent hommes, femmes et enfans, et repartent dès qu’ils ont assez de butin.

La traversée pour arriver à Jatte, Bussis et Bissao, est plus longue. Ces îles sont plus grandes ; la population en étant plus forte, plus courageuse, les pillages ont dû y être moins fréquens et plus dangereux, tandis que lorsque les pirates rassemblent leurs forces à Cagnabac, ils n’ont qu’une traversée de quelques lieues pour se rendre à Boulam ; sûrs de n’y trouver qu’une faible population rendue timide par le danger même, les pillages, sur ce point, ont dû se réitérer et déterminer enfin l’émigration totale du reste d’une population hors d’état de se défendre.

Le caractère féroce des Bisagos, leur esprit héréditaire de piraterie, leur peu de civilisation, en feraient des voisins fort dangereux pour des européens. Pour s’établir à Boulam, il faudrait s’y fortifier, ce qui exigerait de grands sacrifices d’argent ; on serait obligé d’y apporter jusqu’aux manœuvres. Les peuplades des Bisagos étant très en arrière de la civilisation des autres nègres, il serait difficile de faire des traités avantageux avec eux. Chaque île de cet archipel reconnaît un roi