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SOUVENIRS DES CÔTES D’AFRIQUE.

C’est le riz que cultivent principalement les Papels. À voir les nègres travailler à leurs rizières, dans la boue jusqu’au dessus du jarret, il est facile de s’apercevoir que si le terrain est fertile, les propriétaires de leur côté sont laborieux.

Les coteaux sont aussi cultivés en sillons ; on y sème du mil. Par les tiges qui restaient sur le terrain à mon arrivée, j’ai pu voir que cette plante y réussit beaucoup mieux que dans le Wallo ; ces tiges étaient bien plus grosses et plus rapprochées.

Je n’ai pas vu de villages proprement dits ; chaque maison est isolée comme nos fermes en France ; elle est entourée d’une étable, d’un jardin, de champs de mil, et d’un verger. Le jardin est cultivé en manioc, en ignames, et, si je ne me trompe, en choux caraïbes (j’ai mangé la plante, mais je ne suis pas sûr du nom). Le verger contient, et en quantité, des bananiers, des papayers, des orangers et des citronniers.

Le roi des Papels a cédé aux Portugais le terrain où le fort est bâti, mais il n’a pas cédé pour cela son autorité sur le pays. Le roi s’occupe de culture comme le dernier de ses sujets, il travaille comme eux dans la boue jusqu’au jarret ; on ne peut le distinguer que les jours de palabres, au manteau rouge que le gouverneur portugais lui fournit, et à un anneau de fer qu’il passe autour de son pouce ; il tient à la main une plaque de même métal qu’il frappe de son anneau lorsqu’il veut parler ou rétablir le silence.