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VOYAGE EN ASIE.

en Sibérie se divise en deux habitations séparées : l’une est la chambre du maître, et l’autre l’izba, ou celle des domestiques. La dernière a une espèce de plancher suspendu qui sert de chambre à coucher. Dans l’izba est placé le grand four dans lequel se fait toute la cuisine et se cuit le pain.

» Tara est une ville commerçante et riche. Elle est en partie sur une montagne, et en partie dans la plaine qui s’étend jusqu’au bord de l’Irtych. La ville basse est habitée par des Tartares et des Boukhars. La principale industrie de Tara est la fabrication des maroquins et des peaux en général. Elle contient environ trois mille ames. Quelques négocians sont fort riches, et habitent de belles maisons en pierre.

» À peine a-t-on quitté Tara que l’aspect de la contrée change, et présente une vaste plaine remplie de marécages, qui, pour la plupart, sont des restes d’anciens lacs desséchés, et n’offrent en été que de maigres pâturages. Dans cette saison, des nuées immenses de moucherons tourmentent les bestiaux et les hommes ; on est obligé de couvrir les animaux de goudron, et les hommes ne peuvent sortir de leurs habitations que la tête couverte d’un mosquitaire très-serré. Cette plaine est ce qu’on appelle la step de Baraba ; elle a reçu ce nom d’une tribu de Tartares qui y vivait autrefois de la chasse, mais qui s’est à présent retirée plus au nord. Quelques-uns des descendans de ces Tartares sont restés aux environs, mais on ne les distingue plus des Russes.