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VOYAGES.

qui, sous prétexte de les convertir, viendraient les piller.

Les nègres, en général, sont à peu près ce que les localités les font ; cultivateurs dans un pays fertile, pasteurs là où les prairies abondent, et où ils peuvent élever leurs bestiaux en sûreté, industrieux là où ils ont du superflu qu’ils échangent par le commerce, et pillards quand ils sont obligés d’employer ce moyen pour subsister. Le Sousou qui possède un sol fertile cultive assez pour se nourrir ; mais son état de dépendance l’empêche de rien amasser ; il vit bien ou mal, selon la récolte qu’il fait.

On boit dans le pays du vin de palme ; on y fabrique aussi, avec du miel fermenté, une liqueur assez agréable, et qui enivre aisément. Le poisson est abondant. La seule chose qu’on ne pourrait se procurer chez les Sousous, c’est la viande ; mais chaque propriétaire a chez lui un troupeau de bœufs et de moutons qu’il achète aux Foulahs, et qui ne revient pas plus cher qu’à Saint-Louis. Les chevaux sont extrêmement rares ; on n’en élève même pas ; tous les voyages se font par eau. Comme le pays est couvert de montagnes et de vallées, on trouve sans cesse entre les rocs, des passages difficiles pour les chevaux ; d’ailleurs, même au Sénégal où ces animaux sont assez communs, ils ne servent que pour l’agrément.

L’aspect de la contrée est généralement beau ; la végétation est vigoureuse ; toutes les parties élevées sont parsemées de fragmens de rochers : on semble