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VOYAGES.

crut malade, il se plaignit de coliques, et ne vit d’autre moyen de se guérir que de prendre son fusil et de tuer son chien ; à peine le pauvre animal mort, que Djangi se trouva soulagé.

Quelques jours après ce roi tua deux de ses captifs, et en mit cinq autres aux fers pour crime de sorcellerie, et voici comment : un de ses captifs étant tombé malade, lui avait déclaré que ces sept individus l’avaient engagé à faire un grigri pour se débarrasser de lui, mais qu’un jet de lumière était tombé du ciel, le grigri du roi s’était trouvé plus fort que le sien, et qu’il succombait victime de sa tentative : on l’emprisonna. Le roi ayant reçu cette déclaration, prit son fusil et tua deux des individus accusés ; sa mère et ses parens eurent beaucoup de peine à sauver la vie aux autres. On rassembla tous les Mongos pour juger les prétendus coupables ; mon vieil hôte mandingue fut appelé au conseil. Il fut reconnu que le dénonciateur avait agi par esprit de vengeance ; car une des femmes du roi qui était compromise, et aux fers comme les autres, déclara que cet homme ne lui en voulait que parce qu’elle avait rejeté ses propositions. Il fut alors déclaré coupable d’avoir causé la mort des deux individus tués à coups de fusil, et d’avoir manqué de faire périr les cinq autres. Jusque-là le conseil avait été unanime ; mais les opinions furent partagées sur le châtiment à infliger. Les Sousous, gens prévoyans, dirent qu’il fallait le vendre à un négrier, qu’il rachèterait le mal qu’il avait causé en travaillant au sucre sur les plan-