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VOYAGES.

seau rasé l’Expériment, de deux frégates, de deux bricks et de deux bâtimens négriers[1]. Lorsqu’en 1829 M. Villaret-Joyeuse vint mouiller vis-à-vis Sierra-Léone, avec la frégate l’Aurore et trois bricks de guerre, les nègres s’imaginèrent que c’était pour prendre le pays : plusieurs d’entre eux firent passer leurs effets dans l’intérieur ; ils attendaient l’événement avec impatience, espérant profiter encore une fois de ce que contenaient les magasins du gouvernement. Les nègres de Yoloff-Town, dont je parle la langue, et avec lesquels je causais, me disaient qu’ils auraient changé de gouvernement avec plaisir.

Un comptoir établi au Rio-Pongo me semblerait former le complément de nos établissemens en Afrique. J’y ai rencontré des hommes qui m’avaient connu dans le Wallo, et qui arrivaient ici de leur pays pour commercer. Le comptoir que je propose aurait tout le commerce du Fouta-Dialon, et offrirait des communications même avec Temboktou ; car on y voit des maures à longs cheveux, appartenant à des tribus inconnues au Sénégal, et qui arrivent en caravanes. Les marchands d’or ont moins de chemin à parcourir pour venir au Rio-

  1. L’expédition citée ici par M. Duvernay eut lieu le 28 septembre 1794 ; elle causa à la colonie de Sierra-Léone des dommages immenses : le naturaliste suédois Afzélius qui s’y trouvait y perdit toutes ses collections ; une lettre qu’il écrivit à ce sujet à l’ambassadeur de Suède en Angleterre a été publiée par le docteur Wadstrom, dans l’Appendice de son Essay on colonization, in-4o, 1795.

    *A…