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SOUVENIRS DES CÔTES D’AFRIQUE.

tuellement établis dans le pays est tellement odieuse, qu’elle servirait à nous faire recevoir favorablement. Les indigènes en sont indignés, et sans cesse ils s’assemblent pour délibérer sur leur renvoi ; mais ils sont retenus par une considération grave que voici ; je me servirai des expressions d’un mandingue qui était mon hôte : « Ces blancs sont de mauvaises gens, ils trompent sans cesse ; nous voudrions en être débarrassés, mais c’est à leur consignation qu’arrivent tous les navires ; nous ne sommes pas connus ; si nous les chassons, notre pays perdra son commerce : il ne viendra plus de marchandises, et alors les chefs du pays n’étant plus retenus par leur intérêt ne resteront pas tranquilles. Si le roi Ndjangi, si Méri-Balké, si Amros ne trouvent plus moyen de se maintenir dans l’abondance par les profits qu’ils retirent des marchandises qu’on nous apporte, je vois d’avance d’anciennes haines mal assoupies se réveiller, et des guerres interminables vont commencer. Déjà j’ai quitté le pays des Mandingues pour avoir fait la guerre au roi de ma nation, guerre suscitée et entretenue par les Anglais. Si le commerce cesse au Rio-Pongo, pour éviter les malheurs qui suivront je serai obligé de partir, d’aller me réfugier dans le Fouta-Dialon, et d’abandonner à mon âge le pays des Sousous, qui est devenu ma patrie. »

Le vieux marabout mandingue qui me parlait ainsi jouit d’une grande influence ; lorsque le gouverneur du Fouta-Dialon est absent, il lui sert en