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VOYAGES.

jour ; on exécute même cette menace, on le jette à terre avec sa malle, sans lui laisser aucune ressource pour exister ; et il ne peut se tirer de là qu’en signant une déclaration par laquelle il s’engage à ne pas appeler devant l’amirauté de Londres du jugement qui sera prononcé à Sierra-Léone. En même temps les Anglais gagnent quelque homme de l’équipage, pour lui faire dire qu’il a vu entre les mains du capitaine de doubles expéditions ; qu’on a jeté les unes à la mer et qu’on n’a gardé que les françaises. Cette déclaration leur suffit encore pour condamner le navire.

On doit voir par cette conduite le peu de sûreté qu’offrent les expéditions françaises. Rien de plus juste que d’empêcher la traite des nègres ; mais il serait plus avantageux pour nous que toutes les propriétés françaises saisies et condamnées par les Anglais tombassent entre les mains de notre marine militaire. D’un autre côté, dans un moment d’humeur, les Anglais ne pourraient-ils pas se servir des mêmes moyens pour arrêter nos navires faisant un commerce légal ? Et puisque les papiers français ne suffisent pas pour qu’ils laissent passer tranquillement un navire, il pourrait en résulter les inconvéniens les plus graves pour nous, si notre commerce leur paraissait prendre trop d’extension.

Le capitaine négrier capturé que j’ai vu à Sierra-Léone est un ancien officier français, élevé avec moi dans les écoles militaires de La Flèche et de Saint-Cyr.