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HISTOIRE.

même. Lorsque la guerre éclata, Syra n’entendit point prendre part aux efforts des autres Grecs ; ceux-ci firent même quelques tentatives sur elle pour l’y contraindre, mais les marines neutres les obligèrent à s’en désister. La neutralité qu’observait Syra en fit le refuge de beaucoup de populations fugitives des environs, et surtout du commerce. Aussi s’est-elle prodigieusement accrue, et elle compte aujourd’hui quarante mille habitans, tandis qu’il y a six ans elle en avait quatre ou cinq mille au plus. Tout le commerce de la Grèce se fait maintenant à Syra ; de l’Europe, de la Turquie et de l’Égypte, c’est là qu’il vient aboutir ; et comme la guerre a presque complétement détruit en Grèce toutes les ressources de subsistances, Syra est devenue l’entrepôt de celles qu’on apporte du dehors pour nourrir la Grèce. Je parlerai plus loin de l’organisation de piraterie qu’on avait étendue avec tant d’audace sur tout le Levant. Syra en était aussi l’entrepôt ; les marchandises enlevées par les pirates y arrivaient pour être vendues et renvoyées souvent aux lieux mêmes qui les avaient vues partir, peu de jours auparavant, pour une autre destination. Les négocians de Syra ont fait à ce trafic infâme des profits plus considérables encore que les pirates. À la faveur de toutes ces causes, Syra est devenue l’échelle la plus importante de l’Archipel, et, sous quelques rapports, il y a même plus d’activité qu’à Smyrne, par exemple, pour le commerce des grains. Cette importation ne se fait encore que par navires étrangers aussi les causes de la prospé-