Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 2.djvu/62

Cette page a été validée par deux contributeurs.
56
HISTOIRE.

de ce peuple, et ne ferait que nuire à ses bonnes qualités, tout en favorisant les mauvaises. En effet, le peuple grec, vif, remuant, actif et vain, a besoin, pour développer et mettre à profit ses plus heureuses facultés, d’un grand nombre de points centraux d’où les honneurs et les hommages, les encouragemens et les récompenses dues au mérite et au talent, partent facilement et souvent, comme la lumière et la chaleur partent d’un foyer peu éloigné ; il faut surtout dans la Grèce, pour entretenir l’activité publique des individus, et pour lui donner une direction patriotique et morale, que l’état puisse offrir aux citoyens un grand nombre de sphères peu étendues, que le succès du bien soit fréquent, l’effet prompt, et le contrôle toujours présent et facile ; en un mot, il faut à ce peuple beaucoup de petites administrations communales et libres. Mais par quel lien toutes ces petites républiques pourraient-elles être réunies en un tout, de telle sorte qu’il y ait une garantie suffisante pour la concorde du dedans et la sûreté du dehors ? Voilà assurément une question difficile, à laquelle les anciens eux-mêmes et leur histoire n’ont peut-être pas répondu d’une manière tout-à-fait satisfaisante ; mais voici des données que ne contestent pas les personnes qui connaissent l’esprit et l’histoire de ce peuple. Dans une grande cour qui régirait toute la Grèce, la finesse des Grecs dégénérera toujours en ruse et en fourberie ; et sans la publicité de l’administration, sans la liberté de la discussion, enfin sans l’influence des paroles et des actions des individus sur