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HISTOIRE.

« Je ne connais point, dit M. Brondsted, de pays en Europe dont les grands aspects se marient si merveilleusement avec la mer, et il n’en est certainement aucun qui réunisse à un si haut degré les beautés les plus diverses. J’en citerai un exemple, non pour parler ici d’une contrée particulièrement célèbre chez les anciens et tant vantée par leurs poètes, mais parce qu’elle se présente ici plus vivement à mon imagination. Dans l’automne de 1811, M. le baron de Stackelberg et moi, nous étions partis des vastes et fertiles plaines de la Thessalie, de Volo et Larisse, pour suivre le cours du Pénée jusqu’à son embouchure. Quand nous arrivâmes à l’entrée de la vallée de Tempé, près de Baba et d’Ampelakia, il nous sembla que nous étions transportés subitement des fertiles plaines du Danemarck, couvertes de moissons ondoyantes, au milieu de tout le luxe d’une nature italienne. Nous n’avions pas avancé un mille plus loin dans le vallon, que déjà cet aspect s’était changé dans le plus sublime paysage de montagnes d’un canton suisse. Presque partout dans la Grèce d’Europe, cette richesse de formes, cette parure diversifiée de la nature saisissent et charment le voyageur. Au contraire, il m’a paru que la Grèce d’Asie, en partant de Lampsaque, et passant par Troie, la Mysie, l’Éolie, etc., jusqu’à Éphèse, offre un caractère plus constant, plus semblable à lui-même et moins hardi. »

Aussi un sentiment profond d’amour pour leur beau sol et leur riche nature n’a jamais cessé d’être le caractère du peuple grec. « L’enthousiasme des