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CORRESPONDANCE ET NOUVELLES.

ment trop fortement opposés pour qu’il eût été prudent d’essayer de la mettre à exécution.


Ordonnance publiée par le gouverneur en son conseil, déclarant illégal et justiciable des cours criminelles l’usage des sutties, ou la coutume de brûler ou d’enterrer vivantes les femmes des Indous décédés.

« L’usage des sutties ou de brûler ou enterrer vivantes les veuves indoues est révoltant pour l’humanité : la religion n’en a jamais fait un devoir rigoureux ; au contraire, elle recommande plus particulièrement aux veuves de mener une vie pure et retirée ; et, dans la plupart des provinces de l’Inde, cet usage ou est resté inconnu ou a été aboli ; et, dans ceux même où il a été le plus fréquemment suivi, il est notoire qu’il s’est commis dans ces occasions des actes de barbarie qui ont révolté les Indous eux-mêmes, aux yeux desquels ils ont passé pour illégaux et horribles. Les mesures adoptées jusqu’à présent pour empêcher ces sacrifices ont été sans succès ; et le gouverneur général, ainsi que son conseil, sont convaincus qu’on ne peut mettre fin aux abus en question sans en abolir entièrement l’usage. Guidé par ces motifs, le gouverneur, en son conseil, sans pour cela vouloir s’écarter d’un des principes les plus importans du système du gouvernement britannique dans l’Inde, qui veut que toutes les classes du peuple soient libres et en pleine sécurité dans l’exercice de leurs coutumes religieuses, tant que ce système peut être suivi sans violer les lois de la justice et de l’humanité, a jugé convenable d’établir les dispositions suivantes, lesquelles seront en vigueur du moment de leur promulgation dans tous les territoires dépendant immédiatement de la présidence du fort William.

« 1o L’usage des sutties, ou de brûler ou enterrer vi-