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MÉLANGES.

étaient traités gratuitement dans des appartemens magnifiques. Ce temple était un asile dont l’empereur Tibère avait réglé les droits. Il y a quelques années, un Tiniote découvrit dans sa maison une colonne entièrement couverte d’une inscription qui n’était autre que l’édit de l’empereur. Ce monument curieux fut bientôt signalé ; mais de peur que, pour le posséder, on ne détruisît la maison dont cette colonne était le soutien, ce propriétaire, plus jaloux de son bien que de découvertes archéologiques, eut le courage de détruire l’inscription et de la rendre indéchiffrable.

L’insurrection grecque n’a pas été aussi profitable aux insulaires qu’on semblait l’espérer. Les taxes auxquelles ils sont assujettis sont beaucoup plus considérables que sous l’administration turque. Un vaïvode, qu’on leur envoyait de Constantinople, était chargé de recevoir le karatch. Ce magistrat, et deux de ses écrivains, étaient les seuls musulmans qui parussent dans l’île, et l’influence des habitans était telle que ce vaïvode était souvent battu et chassé par eux, sans que cette violence eût d’autre résultat que le changement de l’agent de la Porte.

L’île ne payait aux Turcs que 36,000 piastres, et moyennant ce tribut, elle n’avait aucune autre espèce de droit à acquitter. Aujourd’hui l’impôt fixe est de 60,000 piastres, non compris la dîme et les autres droits. La douane seule a rendu dernièrement, en deux mois, 28,000 piastres.

En résumé, l’île de Tino me paraît être la plus agréable de toutes celles de l’Archipel. Un ciel superbe, un sang très-beau, et plus que tout cela l’accueil bienveillant et hospitalier qu’on y reçoit, font que le voyageur quitte à regret une île que, pour ma part, j’ai visitée avec un extrême plaisir.

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