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MÉLANGES.

d’aller fouiller à l’endroit où se trouve aujourd’hui le monastère. Plein de cette inspiration céleste, l’insulaire réunit quelques amis et se mit en devoir de remplir la divine mission dont il était chargé. À quinze pieds de profondeur environ, on trouva une petite chapelle et un petit tableau de cuivre parfaitement conservé, représentant la Vierge à laquelle on vient annoncer qu’elle doit mettre au jour le Sauveur du monde. L’archevêque se rendit en grande procession pour bénir ce lieu sacré, où l’on décida qu’un monastère serait élevé. Les miracles nombreux qui, assure-t-on, s’y sont opérés, l’ont mis en grande renommée, et on y vient de tous les points de la Grèce.

L’église est assez bien bâtie. On remarque, dans la partie de la nef le plus en vue, des plaques de marbre vert antique de la plus grande beauté, et quelques autres de marbre noir et rouge également belles, mais toutes assemblées sans goût. J’entrai au moment où on allait faire le baptême d’un enfant d’Andros, apporté exprès pour recevoir l’eau sainte dans ce temple vénéré. Le parrain, M. M… aujourd’hui membre du sénat, voulut bien m’inviter à assister à la cérémonie. Je pris donc place parmi les nombreux assistans. Après les premières prières récitées à la porte de l’église, l’enfant fut introduit et apporté près d’un grand bassin de cuivre où l’on jeta d’abord de l’eau chaude, de l’eau froide, puis l’huile sainte. Après que le papas l’eût soufflée et bénie par trois fois, c’est-à-dire au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, on lui présenta l’enfant nu, déjà oint lui-même de l’huile sacrée, afin que son corps ne donnât presque pas de prise à l’eau. Le papas saisit donc le jeune néophyte par-dessous le bras, et demanda aux parens de quel nom ils se proposaient de l’appeler. Cette question, à laquelle on peut s’étonner qu’ils ne fussent pas préparés, demeura sans réponse ; et sur une seconde sommation qui augmenta leur embarras, un des curieux non invités, qui assistait par hasard à la cérémonie, s’avisa de prononcer le